Les 100 secrets de la Sèvre Nantaise

16/05/2022

UN PEU DE POÉSIE... POUR ALLÉGER VOS PAS


Vous avez besoin d’un moment pour vous détendre et vous ressourcer ? Rien de tel qu’une promenade sur les rives de votre rivière. La Sèvre Nantaise a tant à dire... Et prenez donc avec vous, pour partir plus loin en voyage sans faire davantage de pas, quelques poésies sur l’eau à murmurer à l’oreille des oiseaux. Si vous en avez d’autres dans votre besace, nous serons très heureux de les publier.

 La source

Tout près du lac filtre une source, 
Entre deux pierres, dans un coin ; 
Allègrement l'eau prend sa course 
Comme pour s'en aller bien loin. 
Elle murmure : Oh ! quelle joie ! 
Sous la terre il faisait si noir ! 
Maintenant ma rive verdoie, 
Le ciel se mire à mon miroir. 
Les myosotis aux fleurs bleues 
Me disent : Ne m'oubliez pas ! 
Les libellules de leurs queues 
M'égratignent dans leurs ébats : 
A ma coupe l'oiseau s'abreuve ; 
Qui sait ? - Après quelques détours 
Peut-être deviendrai-je un fleuve 
Baignant vallons, rochers et tours. 
Je broderai de mon écume 
Ponts de pierre, quais de granit, 
Emportant le steamer qui fume 
À l'Océan où tout finit. 
Ainsi la jeune source jase, 
Formant cent projets d'avenir ; 
Le chant des eaux 
Comme l'eau qui bout dans un vase, 
Son flot ne peut se contenir ; 
Mais le berceau touche à la tombe ; 
Le géant futur meurt petit ; 
Née à peine, la source tombe 
Dans le grand lac qui l'engloutit ! 

Théophile GAUTIER (1811-1872)

 

La rivière endormie

Dans son sommeil glissant l’eau se suscite un songe
un chuchotis de joncs de roseaux d’herbes lentes
et ne sait jamais bien dans son dormant mélange
où le bougeant de l’eau cède au calme des plantes

La rivière engourdie par l’odeur de la menthe
dans les draps de son lit se retourne et se coule
Mêlant ses mortes eaux à sa chanson coulante
elle est celle qu’elle est surprise d’être une autre

L’eau qui dort se réveille absente de son flot
écarte de ses bras les lianes qui la lient
déjouant la verdure et l’incessant complot
qu’ourdissent dans son flux les algues alanguies

Claude ROY

 

Sonnet

Je n'entends que le bruit de la rive et de l'eau, 
Le chagrin résigné d'une source qui pleure 
Ou d'un rocher qui verse une larme par heure, 
Et le vague frisson des feuilles de bouleau.

Je ne sens pas le fleuve entraîner le bateau, 
Mais c'est le bord fleuri qui passe, et je demeure ; 
Et dans le flot profond que de mes yeux j'effleure, 
Le ciel bleu renversé tremble comme un rideau.

On dirait que cette onde en sommeillant serpente, 
Oscille et ne sait plus le côté de la pente : 
Une fleur qu'on y pose hésite à le choisir.

Et, comme cette fleur, tout ce que l'homme envie 
Peut se venir poser sur le flot de ma vie 
Sans désormais m'apprendre où penche mon désir.

René-François Sully Prudhomme. 

 

 N'hésitez pas à consulter nos parcours de randonnée pour vous eclipser !