Les 100 secrets de la Sèvre Nantaise

5 PLANTES À NE TOUCHER QU’AVEC LES YEUX

Les bords de rivières accueillent une flore abondante, spécifique des milieux humides. Si cette végétation peut-être tenace, voire envahissante, elle est aussi parfois fragile et sensible à la moindre variation du milieu. Les zones humides et celles préservées d’une exploitation humaine trop intensive abritent souvent de nombreuses espèces menacées. C’est le rôle du conservatoire botanique national que d’œuvrer pour la préservation et la conservation des plantes.

Parmi les espèces emblématiques du bassin versant, certaines sont protégées en raison de leur rareté et de leur fragilité mais également car elles représentent une ressource biologique précieuse et que toutes leurs propriétés ne sont pas encore connues. Il est important de savoir les reconnaître, pour les admirer bien sûr, et aussi pour les protéger. Pour en savoir un peu plus sur le sujet, voici cinq plantes à ne toucher qu’avec les yeux* !

 
LA FRITILLAIRE PINTADE
(Fritillaria Melagris)

Fritillaire pintade

De la famille des liliacées, la fritillaire pintade se présente comme une fleur en forme de cloche tombant vers le sol. Appelée communément gogane, chaudron, ou bien encore bonnet d’évêque, elle mesure généralement entre 20 et 40 centimètres de hauteur et fleurit entre mars et mai.

La couleur de sa fleur, quadrillée de tâches, varie entre le pourpre et le blanc.

Les vallées de la Sèvre Nantaise sont favorables à l’installation de la fritillaire, plante printanière peuplant les prairies humides et inondables situées en bordure de cours d’eau, et les fossés associés.

Les populations de fritillaire pintade sont d’une manière générale en mauvais état en raison de la modification voire de la disparition de leurs habitats (urbanisation, drainage des zones humides, plantations de peupleraies dans les vallées alluviales, intensification et fertilisation des prairies…).

Cependant, des peuplements importants subsistent localement sur la Sèvre amont.

Localement, la cueillette par les promeneurs peut aussi être une menace.

 

L’ANGÉLIQUE DES ESTUAIRES
l’angélique à fruits variables (Angelica Heterocarpa)

L’angélique se développe sur les berges naturelles ou plus ou moins artificielles (digues, remblais…) soumises à la marée. Dans le bassin versant de la Sèvre Nantaise, l’angélique est donc localisée en aval, à proximité de l’estuaire de la Loire.

Espèce d’eaux douces et saumâtres, elle colonise les substrats vaseux des berges naturelles, entourées de végétation rivulaire, mais aussi les berges anciennement remaniées présentant une épaisse couche de vase. Elle affectionne particulièrement les vases colmatées, relativement compactes.

L’angélique des estuaires est une des rares plantes endémiques françaises, c’est-à-dire qu’elle ne s’observe que sur le territoire français. Elle peut être confondue avec l’angélique des bois. Elle se distingue par son fruit qui présente des ailes plus réduites.

Son cycle de vie s’étend généralement sur trois ans. Les deux premières années, la plante se développe et accumule des réserves pour pouvoir produire, lors de sa troisième année, de grandes tiges et plusieurs ombelles. Une fois les semences produites, la plante meurt épuisée.

Sa présence dépend directement :

  • du degré de salinité de l’eau (eaux saumâtres offrant un milieu faiblement salé),
  • de la fréquence de submersion par la marée,
  • de la nature du substrat (vases colmatées relativement compactes),
  • et du degré de luminosité (ombre ou demi-ombre).

Les populations d’angéliques sont aujourd’hui en régression suite à l’érosion naturelle des berges, aux travaux d’artificialisation (endiguement, enrochement, remblaiement des zones humides riveraines…), au pâturage ou bien encore à la pollution et à la modification du fonctionnement des milieux estuariens (augmentation de la salinité, augmentation du marnage, de la vitesse du courant…).

La présence d’autres espèces végétales, plus envahissantes, peut également être une menace au développement de l’angélique.

Espèce protégée
Liste rouge mondiale de l’UICN : LC
Liste rouge de la flore menacée de France-Tome I : espèces prioritaires : V

 
LE SCIRPE TRIQUETRE
(Schoenoplectus Triqueter)

Le scirpe triquètre se développe autour des rives vaseuses, substrats et sédiments associés. Dans le bassin versant de la Sèvre Nantaise, le scirpe est donc inventorié en aval, dans les zones soumises à la marée.

Il se développe généralement dans les eaux saumâtres, les milieux humides lumineux ou encore sur les substrats riches en azote, constitués de vases meubles ou peu compactes.

Le scirpe triquètre est en nette régression en raison des phénomènes d’érosion, de l’artificialisation des berges (enrochement, endiguement…), de la modification du fonctionnement des milieux estuariens, de la dégradation des milieux humides (manque d’entretien par exemple), mais aussi de la concurrence d’autres espèces végétales.

Espèce réglementée (inventaire ZNIEFF…)
Plan de conservation en Pays de la Loire

 

L’ORCHIS PUNAISE
(Anacamptis coriophora Orchidacée)

Cette belle orchidée des prairies naturelles neutro-alcalines humides et non fertilisées a subi une très forte régression historique, liée à la dégradation de ses milieux de prédilection par fertilisation, mise en culture ou drainage. Cette régression s’est malheureuse-ment poursuivie de-puis les années 1990 : en Loire-Atlantique, l’enrichissement par fertilisation d’une prairie à Gorges est probablement responsable de sa disparition récente, alors que la plante n’a jamais été revue à Batz-sur-Mer depuis 2000, bien qu’il s’agisse d’un site régulièrement visité ; la tempête Xynthia a atteint la population du Port aux Ânes en Loire-Atlantique, où il n’y a guère plus de cinquante pieds aujourd’hui. En Vendée, suite à la même tempête, la population des Olonnes a été divisée par dix pour atteindre 100 à 150 pieds, et même si des rosettes réapparaissent, la situation reste précaire, d’autant que les tubercules sont appréciés des sangliers. En Maine-et-Loire, il ne reste plus que quelques localités totalisant quelques centaines de pieds.

(Source : pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr)

 Liste rouge mondiale de l’UICN : EN

 

LE FLUTEAU NAGEANT
(Luronium natans Alismatacée)

Le Flûteau nageant est une plante amphibie protégée en France et en Europe, en déclin dans notre région comme c’est le cas par-tout en France. En Pays de la Loire, les stations connues restent relativement nombreuses (200) avec des secteurs comme la Brière abritant quelques populations bien fournies. Les menaces sont toutefois multiples : concurrence végétale avec les espèces exotiques envahissantes, eutrophisation, consommation directe et augmentation de la turbidité des eaux par introduction de faune (ragondins, écrevisses exotiques, poissons), assèchement, ombrage excessif, comblements de mares... La plante a très fortement régressé en Maine-et-Loire et les populations sont également en fort déclin en Mayenne et Sarthe. En Loire-Atlantique, en revanche, elle se maintient encore assez bien, même si plusieurs stations ont disparu, notamment sur le lac de Grand-lieu où la pression de prédation par l’écrevisse de Louisiane est importante. En Grand Brière, les stations situées en périphérie des marais se maintiennent en phase terrestre, à l’abri des écrevisses. Malgré le nombre encore important de stations régionales, le déclin du fluteau nageant est avéré et la région possède une forte responsabilité dans la préservation de ce taxon menacé en Europe. C’est pourquoi il a été considéré comme quasi menacé dans la région.

(Source : pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr)

Liste rouge mondiale de l’UICN : NT

 
* Certaines plantes sauvages sont si rares et si fragiles qu’un arrêté préfectoral a été pris réglementant leur cueillette. C’est le cas notamment pour la fritillaire pintade ; l’oeillet des Chartreux ou le narcisse des poètes. http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/cueillette-a779.html

 


Pour en savoir plus sur le sujet, consultez le site de la Direction régionale de l’Environnement

http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/pourquoi-proteger-des-especes-vegetales-a774.html